
Version revisitée..
Dada Masilo, une jeune chorégraphe et danseuse sud-africaine, dépoussière l’histoire d’amour qu’est Le Lac des cygnes, la transformant en manifeste humaniste. Son Swan Lake est à voir en Suisse romande.

Classique s’il en est, avec ses tutus et sa musique de Tchaïkovski, Le Lac des cygnes a souvent été revisité, mais rarement avec une telle énergie. C’est que Dada Masilo, du haut de ses 28 ans, en fait une lecture très personnelle. Dans son Swan Lake, elle ose un prince Siegfried gay, manière d’aborder l’homophobie dans un pays ravagé par le sida, mais aussi parce qu’elle trouvait l’intrigue de base « franchement ennuyeuse ». Ses douze danseurs et danseuses, avancent pieds nus ; les rythmes zoulous, le body clapping et les compositions minimalistes d’Arvo Pärt viennent soutenir la musique originale.

Cette histoire d’un prince pris entre deux femmes, Dada Masilo réussit par ailleurs à la magnifier, lorsqu’elle-même, danseuse solaire plutôt qu’étoile filante, se livre à un étourdissant solo d’une quasi-éternité. Une heure durant, la chorégraphe nous offre un Swan Lake où l’on rit, où l’on swingue, où l’on arrive à être ému jusqu’aux larmes, notamment lors du final, funèbrement inoubliable.
– Théâtre de Vevey, le 4 mai 2014
– Théâtre Forum Meyrin, les 7 et 8 mai 2014