
Magnifique prestation du ténor Vittorio Grigolo (Edgardo) : une révélation !
par François JESTIN
Belle représentation d’ensemble pour cette Lucia avignonnaise, et surtout un très brillant ténor.
La production de Frédéric Bélier-Garcia avait été montée pour l’Opéra de Marseille il y a deux saisons (voir la chronique dans SM 196). Le cyclorama conçu par le décorateur Jacques Gabel – avec ses inquiétantes silhouettes d’arbres qui apparaissent en transparence – est un peu à l’étroit sur la scène de l’Opéra-Théâtre d’Avignon, et on ne perçoit malheureusement plus entièrement sa belle rotondité. La direction d’acteurs est toutefois bien aboutie et donne corps au drame, n’était-ce ce canapé renversé, pendant la folie de Lucia, déjà vu dans maintes productions de différents opéras, et qui relève peut-être d’un « tic » de metteur en scène. On attendait Annick Massis dans le rôle-titre, mais c’est la soprano italienne Désirée Rancatore qui pallie son désistement, et parvient à donner une certaine crédibilité à son personnage, sans posséder cependant a priori les qualités vocales naturelles d’une Lucia.

Si la musicalité est toujours appréciable (on se souvient avec délectation de son Olympia à Bastille et Orange), la voix manque d’ampleur dramatique et on aimerait un peu plus de projection sur les paroxysmes, pour ajouter à la conviction du jeu. C’est tout le contraire chez le ténor Vittorio Grigolo (Edgardo), qui fait valoir un instrument impressionnant, et la générosité de sa prestation est une révélation. Aigu insolent, parfois claironnant, medium charnu, phrasé magnifique, timbre ensoleillé, et en plus il joue comme rarement, quitte à sur-jouer légèrement au 1er acte ; un ténor à suivre absolument ! Le baryton Marzio Giossi (Enrico) déçoit un tantinet, par son timbre et son style décidemment très noirs, tandis que la jeune basse Mirco Palazzi (Raimondo) s’affirme déjà comme une valeur sûre belcantiste. Les rôles secondaires sont bien tenus – en particulier le 2ème ténor Philippe Talbot (Arturo) – et la direction musicale d’Alain Guingal est plutôt de bonne facture, mais sans grande surprise, ni raffinement excessif.
François Jestin
Donizetti : LUCIA DI LAMMERMOOR le 2 juin 2009 à l’Opéra d’Avignon